Depuis quelques mois, il est désormais possible pour les groupes de visiteurs de l’abbaye de profiter d’un accueil spécifique, avec présentation de l’histoire de l’abbaye, l’explication du métier d’affineur et, bien sûr, une dégustation de nos fromages.
Il y a un an débutait une phase de réflexion autour de l’amélioration de l’accueil des 40 000 visiteurs annuels de l’abbaye. Une réflexion qui devrait déboucher cette année sur la mise en place de parcours de visite. En attendant, une première réponse est proposée aux groupes de visiteurs depuis quelques mois.
« C’est une première réponse facile à mettre en œuvre immédiatement, explique Antoine Dumont, directeur de la fromagerie de La Trappe. Et puis cette proposition vient répondre à une demande qui arrivait déjà régulièrement et à laquelle on répondait ponctuellement et de façon non structurée, non organisée. »
Les voyagistes ou les offices de tourisme sollicitent en effet régulièrement l’abbaye et la fromagerie pour des visites de groupes. « Depuis 2017, nous proposons des journées clés en mains regroupant deux activités touristiques et un restaurant pour le déjeuner, détaille Sandrine Faure, de l’Office de tourisme du Pays Montponnais. La plupart du temps l’activité de l’après-midi est une promenade en gabare, notre produit phare, et le matin c’est la visite d’un lieu ou d’un producteur local, parmi lesquels l’abbaye et la fromagerie d’Echourgnac. »
Une visite qui, jusqu’en 2022, se contentait d’une dégustation dans la boutique et de la projection d’une vidéo de présentation.
Un accueil de groupe décliné en deux propositions
Aujourd’hui, l’accueil de groupes est structuré en deux propositions construites de la même façon : une présentation de l’histoire de l’abbaye et des lieux, une explication sur le travail qui est effectué à l’abbaye et le métier d’affineur, une dégustation et une visite libre de l’église abbatiale.
Les deux propositions se distinguent au niveau de la dégustation : l’offre Découverte propose la dégustation du Trappe d’Echourgnac affiné au vin de noix et du Brebis Echourgnac, alors que l’offre Gourmande y ajoute le Trappe 1868 et les pâtes de fruits de l’abbaye, le tout accompagné d’une sélection de vins locaux.
« Les retours sont très positifs, se félicite Sandrine Faure. Le groupe est accueilli personnellement, dans une salle dédiée, avec une présentation personnelle et un contact privilégié. C’est une visite à part entière, on a vraiment gagné en qualité ! »
Faire découvrir ce qui se vit à Echourgnac
Il faut dire que cet accueil est assuré par Cindy Déveaux, chef de projet mais aussi plus ancienne laïque salariée de la Fromagerie de La Trappe. « Je suis arrivée à l’abbaye en 1997 pour un stage dans le cadre de mes études à l’ENIL de Surgères, avant d’être embauchée le 4 janvier 1999 », se rappelle-t-elle.
Depuis, Cindy est passé par tous les postes de la fromagerie : fabrication, commercialisation, emballage, support technique… C’est donc en véritable encyclopédie du lieu et du métier qu’elle accueille les groupes.
« Je suis passionnée de fromage, mais aussi de ce lieu et de cette communauté. J’insiste sur sa place dans le fonctionnement de l’entreprise. Sur son histoire aussi, parce qu’au départ c’est une communauté de moines. J’insiste aussi sur ce que vivent les sœurs aujourd’hui, cet équilibre entre prière et travail (ora et labora). Et puis évidemment je parle du métier d’affineur, de la valeur ajoutée que l’on apporte à nos produits. »
Dès que c’est possible, Cindy Déveaux est accompagnée de sœur Anne-Chantal, moniale de l’abbaye, qui peut ainsi témoigner directement de la vie du monastère, de cet équilibre entre prière et travail.
Et si la trame est la même à chaque fois, aucun accueil de groupe n’est identique. « Je ne dirige pas mes propos, mon but est de répondre aux interrogations des visiteurs, explique Cindy. Et c’est ça que j’aime : en partant de la même histoire, du même contenu, je m’adresse différemment aux personnes en fonction de leurs attentes, de leurs interrogations. Je ne suis pas dans un discours appris et récité par cœur, c’est vraiment un échange. »
Une découverte atypique qui suscite la réflexion
Quand on demande à Cindy Déveaux ce qui la marque dans ces accueils, sa réponse est immédiate ! « Les visiteurs viennent pour découvrir un produit, un savoir-faire, et en fait à chaque fois les questions ne portent pas principalement sur le produit ou le métier, mais sur la communauté, pourquoi les sœurs sont là, ce qu’elles vivent ici… Y compris chez les plus jeunes !
Par exemple, se souvient-elle, quand le groupe scolaire de Bergerac est venu, les questions des jeunes ont porté sur la couleur du voile ou de la tenue des sœurs, sur pourquoi elles vivent toute leur vie ici, est-ce qu’elles sont enterrées ici, est-ce qu’elles voient leur famille, pourquoi elles vivent ça ?... Et ce n’est pas de la curiosité malsaine, c’est un vrai intérêt, un vrai besoin de compréhension. »
Cet intérêt est d’ailleurs une vraie satisfaction pour la plus ancienne salariée laïque de l’abbaye. « J’ai l’impression dans tout ce que j’ai vécu durant mes 25 ans en tant que commerciale pour la fromagerie que pour tout le monde la religion est fermée : ou je suis croyant, ou je ne le suis pas, mais entre les deux il n’y a rien. J’ai toujours eu l’impression que pour les croyants il n’y avait que la foi, et que de leurs côtés les non croyants ne voulaient surtout pas qu’on leur parle de religion. Or les visiteurs, quels qu’ils soient, quand ils arrivent ici, sont dans une position où ils sont en capacité d’accueillir quelque chose, de réfléchir sur le choix de vie de personnes qui sont à la fois jeunes, très jeunes, et âgées, très âgées, mais qui toutes ont fait ce choix de vie radical. Ils constatent qu’elles sont comme tout le monde, mais qu’elles ont fait un choix de vie qui les interpelle, qui les fait réfléchir. Les visiteurs ne vivront jamais la même chose, mais souvent ils repartent en disant qu’ils n’avaient pas vu les choses comme ça, que ça va les faire réfléchir autrement. »
Un lieu original
S’adressant aux groupes constitués de 10 à 40 personnes, ces accueils sont organisés à la demande, sur rendez-vous, tout au long de l’année, mais uniquement en semaine, du lundi au vendredi compris.
« Découvrir une entreprise, un savoir-faire, une dégustation, globalement la proposition est partout, conclue Cindy Déveaux. Mais découvrir un savoir-faire dans le cadre d’une communauté monastique, ce n’est pas tout à fait la même chose. L’originalité du lieu, c’est que la communauté des sœurs soit encore présente sur place et participe à la réalisation du fromage, c’est l’incarnation de cet ora et labora, équilibre entre prière et travail. »
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