Dans l’église, à l’hôtellerie, à la boutique, à la fromagerie, mais aussi en divers endroits de la clôture, les crèches se multiplient chaque année à l’abbaye d’Echourgnac durant le temps de Noël. Découverte des sept principales crèches installées en 2023 et du sens de leur présence.
Les visiteurs de l’abbaye d’Echourgnac peuvent découvrir jusqu’au 7 janvier trois crèches : deux à l’église et une à la boutique. D’autres crèches sont également installées à différents endroits à l’intérieur de la clôture.
« A l’origine il n’y avait qu’une crèche, explique sœur Elise-Mariette. Elle était installée dans la salle du Chapitre, qui est un lieu essentiel de la vie du monastère. » L’ensemble des sœurs s’y réunissent en effet tous les matins pour y lire un chapitre de la règle de Saint Benoît, et c’est aussi dans cette salle que sont prises toutes les grandes décisions de la communauté.
« La tradition voulait que se soit le Noviciat qui réalise la crèche », ajoute sœur Elise-Mariette. Les crèches sont ainsi différentes chaque année, avec des styles et des inspirations sans cesse renouvelées.
Sobre, la crèche du Chapitre 2023 prend place dans un décor constitué de tissus et de paille.
« Par la suite, à la demande des personnes qui y passaient, la communauté a installée une crèche dans l’église, lieu de la rencontre avec Dieu », continue sœur Elise-Mariette. Une seconde crèche a alors pris place au pied de l’autel.
En 2023, cette crèche est sans doute la plus sobre, mais aussi la plus visuelle. Constituée de trois panneaux représentants les profils de Marie et de Joseph, ainsi que le nouveau-né vu du dessus, elle joue sur les contrastes d’ombre et de lumière et marque instantanément les esprits, suscitant émotion et réflexion, invitant à l’intériorité.
Mais si cette année la crèche de l’autel est très visible de par ses dimensions et sa mise en scène lumineuse, cela n’a pas toujours été le cas. « L’autel est loin de l’assemblée et inaccessible aux visiteurs et retraitants puisque le chœur est occupé et réservé à la communauté, détaille sœur Elise-Mariette. On nous en a fait la remarque, et il a été décidé d’installer une seconde crèche à l’église, mais à l’entrée, dans le narthex, donc accessible à tout le monde. »
Des santons des moniales d’Echourgnac !
Grande et beaucoup plus fournie, cette crèche met en scène la Nativité dans un décor de village où là-aussi les lumières sont très travaillées. On retrouve surtout, tout autour de la Sainte Famille et devant le village, des petits santons représentant les sœurs d’Echourgnac dans leurs diverses activités.
Des santons réalisés par Blanche Meurice qui connait bien la communauté pour y avoir vécu quelques années. Elle recrée ainsi l’univers de l’abbaye de manière humoristique à travers de petites moniales en terre cuite et peintes à la main. Chaque exemplaire est unique !
On retrouve d’ailleurs ces moniales dans une autre crèche, celle de la boutique de l’abbaye. Ces santons sont en effet disponibles à la vente et la crèche de la boutique est évidemment confectionnée avec les santons proposés dans ses rayons. Réalisée par les salariées du magasin et les sœurs, cette crèche est habillée de branches, brindilles et autres écorces et pommes de pins ramassés autour du monastère. Il n’est d’ailleurs pas rare de croiser sœur Nathalie venir les changer régulièrement pour que le décor reste vert.
Rendre la crèche accessible à tous
Les retraitants résidants à l’hôtellerie peuvent découvrir une autre crèche. Située dans le couloir menant au réfectoire, constituée elle aussi d’un décor de tissus, elle met en scène des personnages qui font penser à des poupées anciennes dans leur style.
Personne n’est oublié à l’abbaye, et pour permettre aux sœurs les plus âgées ou malades d’avoir elles aussi accès à une crèche, l’infirmerie en accueille une depuis plusieurs années.
En 2023, elle met en scène des santons de Joseph et Marie agenouillés autour de l’enfant Jésus. Et l’on retrouve une petite moniale en terre cuite qui apporte un énorme carton à la façon des Rois Mages.
Enfin, la fromagerie n’est pas en reste et les salariés affineurs ont aussi la leur. Confectionnée dans un écrin de verdure, elle met en scène des santons disponibles à la boutique.
La crèche, une aide à la compréhension d’un mystère
Si passer d’une seule crèche à l’origine à plus de sept aujourd’hui à l’abbaye relève d’un souci de rendre la crèche accessible à tous, religieuses comme visiteurs, salariés comme retraitants, on peut se demander pourquoi est-ce si important ?
La réponse se trouve dans un texte du Pape François, Admirabile Signum, une lettre apostolique écrite en 2019 et entièrement consacrée au sens et à la valeur de la crèche.
« Faire une crèche dans nos maisons nous aide à revivre l’histoire vécue à Bethléem, y écrit-il. Bien sûr, les Évangiles restent toujours la source qui nous permet de connaître et de méditer sur cet Événement, cependant la représentation de ce dernier par la crèche nous aide à imaginer les scènes, stimule notre affection et nous invite à nous sentir impliqués dans l’histoire du salut, contemporains de l’événement qui est vivant et actuel dans les contextes historiques et culturels les plus variés. (…) C’est un appel à le -Jésus ndlr- rencontrer et à le servir avec miséricorde dans les frères et sœurs les plus nécessiteux (cf. Mt 25, 31-46). »
Dit autrement, « la crèche nous fait voir, nous fait toucher cet événement unique et extraordinaire qui a changé le cours de l’histoire et à partir duquel la numérotation des années, avant et après la naissance du Christ, en est également ordonnée. »
Une représentation qui dure depuis 800 ans. C’est en effet en décembre 1223 que Saint François d’Assise a inventé la première crèche de Noël, à Greccio, en Italie ! Ce jour-là, pas de santons, mais une crèche vivante avec les animaux traditionnels, le bœuf et l'âne, et la présence des frères de Greccio et de tous les villageois.
Les crèches de l’abbaye d’Echourgnac sont quant à elles installées jusqu’à la fête du baptême du Christ qui aura lieu cette année le lundi 8 janvier.
